Mario Ware : Shake it !

Secouez-le, secouez-le, sinon la pulpe, elle reste en bas.

Tout secoué que j’ai été.

D’abord, Internet à l’hôtel, qui passe son temps à sauter. D’où la faible teneur en posts de ce blog actuellement. Après 2 jours de coupure continue, j’ai sorti ma baguette de sourcier (autrement appelée « baguette maugique » ou, dans ce cas, carte wifi), pour partir à la recherche des « free spots » du coin. Parce qu’il y en a, et pas qu’un peu. Normal, dira-t-on, de trouver des sources de « hot spot » dans un spot aussi réputé pour ses sources chaudes. Et, pour le coup, on y trouve des réseaux qui le tiennent (le coup), eux. Me voila donc, accompagné de l’un de mes fidèles camarades, sagement assis contre un muret derrière lequel une accueillante borne wifi non protégée embrassait notre détresse world-wide-wébèsque en offrant un ping très acceptable à nos requêtes TCP, compulsant mon courrier électronique, lorsque surgit la moitié de l’effectif des forces de police de Kinugawa, tout seul sur son scooter. Le policier nous passe devant et s’arrête, descend de son imposant engin de traque, et s’avance vers nous, le regard fier du héros du peuple qui vient mettre fin aux actions criminelles de toute une bande de deux jeunes qui saccagent tout (à savoir, la beauté du paysage) par leur présence et agressent les pauvres passants sans défense (i.e., huit semaines n’a pas suffi à nos pigments dermiques pour caméléoniser la couleur locale, et le litre quotidien de jus de citron dans les yeux n’a apparemment pas l’effet de bridage escompté). Le représentant de l’Ordre nous soumet alors à un interrogatoire précis en vue de savoir ce que nous faisions ici (« l’un de nous est de trop dans cette ville, el Gringo »), où nous lui avouons que nous ne restons pas plus d’un mois ici pour faire du tourisme uniquement, ce qu’il n’aurait pas gobé dans la mesure où 99.9% des visiteurs de Kinugawa restent 24h tout au plus dans la « ville ». N’ayant pas nos passeports sur nous (obéissants petits scarabées, nous les avons laissé dans le coffre fort de notre chambre tel que demandé par le Directeur des Affaire Générales (as known as « Le Malaysien ») à notre arrivée. Le sauveur de la veuve et de l’orphelin nous laisse repartir, nous sans nous avoir expliqué que les wifis gratuits et non-sécurisés que nous captions n’étaient pas libres, et que nous n’avions pas le droit de les utiliser.

Tout secoué, j’ai encore été, une demi-heure plus tard, lorsque la totalité de l’effectif de Kinugawa frappe à la porte de ma chambre, guidée par Le Malaysien, m’indiquant que je suis cerné et me sommant de bien vouloir me rendre et apporter mon passeport aux Forces de l’Ordre, ce en quoi je fus contraint d’opérer. Les deux hommes aidés par Le Malaysien mettent alors (martel) en tête de tenter de recopier le numéro dudit passeport ainsi que mon nom, ce qui fut un retentissant échec, les obligeant à se tourner vers leur plan B, la feuille des employés temporaires de l’hôtel contenant nos noms en Katakana. Avec des fautes d’orthographe. Ce après quoi, Le Malaysien nous a sermonnés pour ne pas avoir utilisé l’accès Internet de l’hôtel. L’information que nous aurions bien voulu utiliser celui-ci, puisqu’il a l’avantage d’être en intérieur et à proximité de canapés accueillants, mais que nous étions dans l’impossibilité de le faire du fait qu’ils étaient dans l’impossibilité de faire fonctionner correctement leur routeur, l’a rendu perplexe mais ne l’a pas empêché de nous répéter l’interdiction d’utiliser d’autres accès internet que celui de l’hôtel. Pauvre, pauvre policier qui a du vérifier la correspondance dans sa base de données d’un numéro de passeport probablement mal recopié ainsi que celle d’un nom écrit en alphabet latin avec un nom erroné en katakanas. Ca lui prendra probablement tellement de temps qu’il devra peut-être remettre à plus tard son Sudoku, voire sa pause thé.

Tout secoué, j’ai, à nouveau, été, moi ainsi que l’intégralité de la cuisine dans laquelle je travaillais à la filière vaisselle lors du tremblement de terre, avant-hier. Le premier que j’ai ressenti depuis mon arrivée sur le sol de la contrée aurorèsque. Le « Jishin » fut à cet endroit d’intensité 4 sur l’échelle japonaise (qui n’est pas l’échelle de Richter). Pendant 5 secondes, le sol a tremblé (suffisamment peu fort pour que la plupart des gens trop occupés ne le remarquent pas), le haut des meubles à tremblé en opposition de phase (à gauche quand le sol était à droite et vice versa), et c’était fini. Il a été ressenti beaucoup plus fort à Tokyo, d’après les informations que j’ai pu avoir. Heureusement que le Centre de Prévention des Catastrophes m’a appris à réagir de façon adéquate : en effet, j’ai parfaitement suivi ses conseils qui disaient de se cacher sous la table avec un coussin sur la tête, puisque j’ai continué de faire la vaisselle comme si de rien n’était, en pensant très fort à aller me cacher sous une table avec un coussin, une couette et un matelas pendant une heure ou deux, et quelques secondes plus tard, j’étais toujours vivant.

Tout secoué, j’ai été de pouvoir refaire à nouveau l’あんあい le soir. En effet, après demande expresse, le suprême privilège de pouvoir laisser la vaisselle à quelqu’un d’autre nous a enfin été accordé. Mais pour combien de temps ? Vous le saurez dans le prochain épisode des « Feux de l’あんあい » !

Pom polom, comme dirait l’autre.

À plus !

PS: Ce post a été posté depuis un autre wifi gratuit mais un peu mieux caché, cette fois-ci.

3 réponses à “Mario Ware : Shake it !”

  1. Kalahi dit :

    Yeah, skate it babe!
    Putain, heureusement que t’as réussi à te faire comprendre des forces de l’ordre locales… Il parlait un peu anglais au moins ?
    Et si tu fais peu d’articles, mais aussi inspirés que celui-ci, bah +1, encore :)

    P.S. : Tiiiiiipiak !

  2. ppl dit :

    attention, qd on ne te comprend pas, en cas de récidive, c’est plumes et goudron !

  3. galadrieve dit :

    En même temps, c’est normal, t’es un vilain gaijin, tu faisais forcément quelque chose d’illégal…

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